Nirvana
In Utero [Coffret Super Deluxe] |
Label :
Geffen |
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Je préfère le dire tout de suite, In Utero est un de mes albums préférés. Je pourrais presque dire que toute ma culture indé part de là, que sans Nirvana et sans mon amour pour ce disque (le jour où je me suis rendu compte qu'il était bien plus intéressant que les tubes de Nevermind), je ne me serais peut-être jamais tourné vers la plupart des artistes que je classe aujourd'hui dans mon top 10. In Utero est, à mes yeux, un chef d'oeuvre intemporel que je connais sur le bout des doigts.
Pour synthétiser ce disque, on pourrait utiliser un seul vers "Teenage angst has paid off well/Now I'm bored and old". Une manière de faire le point sur "Smells Like Teen Spirit", Nevermind, le succès, tous les trucs pourris qui vont avec. Malgré ça, il y a aussi l'accroche, le talent, la capacité à faire des titres punks pops et accessibles. La rupture n'est pas évidente. Mais cette sensation est aussitôt contrebalancée par un morceau qu'on n'aurait jamais eu sur Nevemind, un truc crade et violent, "Scentless Apprentice", qui pourtant traite d'un sujet impersonnel (le livre "Le Parfum"). Voilà toute la dichotomie du groupe en à peine deux titres, le mythe de Cobain tiraillé entre les Beatles et les Melvins, entre l'envie de faire des titres pops et celle de proposer un déluge sonore. Cracher ses tripes et sa bile en chantant une mélodie sympathique avant de gueuler des paroles triviales sur une déflagration de distos rageuse.
Tout le monde devrait avoir In Utero chez lui. D'ailleurs, je pense que tous ceux qui aiment ce genre de musique ont In Utero chez eux. Comme on parle ici de la réédition ultra deluxe pour le 20ème anniversaire du disque, la problématique pour la maison de disque est très simple : qu'est-ce qui peut pousser les gens à acheter un disque qu'ils ont déjà?
C'est donc sur les bonus en tous genres, les never-before-heard machins trucs que notre attention doit se porter. Déjà, à la fin de l'album original, soit le disque 1, on a le droit à toutes les faces b de l'époque ce qui est une bonne nouvelle car elles sont toutes géniales (personnellement, j'adore "Moist Vagina"), dans des versions inédites remixées 2013 ce qui est une mauvaise nouvelle car il s'agit d'une démarche commerciale grossière : ces versions sont effectivement inédites, mais elles ne changent tellement rien par rapport aux précédentes qui elles sont déjà sorties que c'en est ridicule. Si, ça évite de se taper le dialogue de Beavis & Butthead avant "I Hate Myself And I Want To Die". Et puis ça a le mérite de réunir sur un seul disque des morceaux qu'il fallait chercher à droite à gauche sur les singles et compilations.
Après ça, on a le droit aux versions de Steve Albini de "Heart Shaped Box" et "All Apologies", remixée par Scott Litt sur l'album original, et à la version de Scott Litt de "Pennyroyal Tea". Les différences sont encore une fois limitée, Litt ayant plus mis en avant les voix qu'Albini avait laissé plus brutes. Il faut avoir l'oreille pour entendre la différence. Mais bon, l'un dans l'autre, ce disque réussit son travail, puisqu'il s'agit principalement de l'album original.
Disque 2, le mix 2013 de l'album original assorti de démos. Là encore, le remix est discret, on a mis l'accent tantôt sur les backvoices, tantôt sur la guitare par rapports aux versions originales. Je ne sais pas si ça justifie l'existence d'un remix, surtout que l'album original n'a pas particulièrement vieilli au niveau production. Ou du moins, ce cachet Steve Albini d'époque lui donne un certain charme. Qu'on remixe Surfer Rosa, par exemple, ou le volume est malheureusement assez faible (malgré un travail de prod remarquable), je comprendrais, mais là...
Ce remix est suivi de démos dont la plupart sont instrumentales. C'est sympa, on se croirait en studio, mais on en vient vite à comprendre que si les groupes attendent que le travail de mix soit fini pour sortir leurs albums, c'est qu'il y a une raison. Ce disque n'a d'intérêt que pour une version démo touchante de "Marigold" et une version d'"All Apologies" countrifiée où la guitare est trop mise en avant et la voix pas assez ; autant dire qu'il n'a pas d'intérêt. Sinon, on a une instrumentale sympa et un jam un peu poussif inédits pris en otage au milieu de ce ramassis de musique dispensable. Une belle arnaque.
Enfin, disque 3, celui qu'on attendait tous, le live de rigueur (qu'on retrouve en DVD sur le disque 4), et celui que les fans attendaient depuis belle lurette : l'intégralité du MTV Live & Loud. Je passe sur la prestation, qui est irréprochable, avec une setlist forcément excellente (notamment une version électrique de "The Man Who Sold The World", une excellente "Endless, Nameless" et l'un des meilleurs morceaux les plus sous-estimés, "Radio Friendly Unit Shifter" en introduction). Là, ma critique sera plus de l'ordre de la tétrapilectomie, mais le choix de CE live, d'autant plus comme argument pour justifier la version super deluxe super chère, me parait faible et facile. Ce live, les fans savent que Geffen l'a en intégralité dans ses cartons, ils le réclament depuis 20 ans, et là on leur agite sous le nez pour les pousser à investir plus dans un coffret dont le contenu à la base est plutôt discutable. Excellent disque, là n'est pas le problème.
Voilà donc ce que vaut l'édition super deluxe pour le 20e anniversaire. Enfin, ce qu'elle vaut qualitativement, car financièrement, il vous faudra débourser une centaine d'euros. Alors certes, l'objet est très beau, mais sachant que la version abordable ne propose que ce qui est dispensable dans ce coffret, on se dit que le prix est cher payé pour un DVD qui va à coup sûr ressortir en version intégrale, et le CD audio qui va avec. Pour une édition d'anniversaire, j'ai plutôt l'impression que Geffen aurait été plus honnête en ressortant le tout sous le titre de Cash Cow...
Pour synthétiser ce disque, on pourrait utiliser un seul vers "Teenage angst has paid off well/Now I'm bored and old". Une manière de faire le point sur "Smells Like Teen Spirit", Nevermind, le succès, tous les trucs pourris qui vont avec. Malgré ça, il y a aussi l'accroche, le talent, la capacité à faire des titres punks pops et accessibles. La rupture n'est pas évidente. Mais cette sensation est aussitôt contrebalancée par un morceau qu'on n'aurait jamais eu sur Nevemind, un truc crade et violent, "Scentless Apprentice", qui pourtant traite d'un sujet impersonnel (le livre "Le Parfum"). Voilà toute la dichotomie du groupe en à peine deux titres, le mythe de Cobain tiraillé entre les Beatles et les Melvins, entre l'envie de faire des titres pops et celle de proposer un déluge sonore. Cracher ses tripes et sa bile en chantant une mélodie sympathique avant de gueuler des paroles triviales sur une déflagration de distos rageuse.
Tout le monde devrait avoir In Utero chez lui. D'ailleurs, je pense que tous ceux qui aiment ce genre de musique ont In Utero chez eux. Comme on parle ici de la réédition ultra deluxe pour le 20ème anniversaire du disque, la problématique pour la maison de disque est très simple : qu'est-ce qui peut pousser les gens à acheter un disque qu'ils ont déjà?
C'est donc sur les bonus en tous genres, les never-before-heard machins trucs que notre attention doit se porter. Déjà, à la fin de l'album original, soit le disque 1, on a le droit à toutes les faces b de l'époque ce qui est une bonne nouvelle car elles sont toutes géniales (personnellement, j'adore "Moist Vagina"), dans des versions inédites remixées 2013 ce qui est une mauvaise nouvelle car il s'agit d'une démarche commerciale grossière : ces versions sont effectivement inédites, mais elles ne changent tellement rien par rapport aux précédentes qui elles sont déjà sorties que c'en est ridicule. Si, ça évite de se taper le dialogue de Beavis & Butthead avant "I Hate Myself And I Want To Die". Et puis ça a le mérite de réunir sur un seul disque des morceaux qu'il fallait chercher à droite à gauche sur les singles et compilations.
Après ça, on a le droit aux versions de Steve Albini de "Heart Shaped Box" et "All Apologies", remixée par Scott Litt sur l'album original, et à la version de Scott Litt de "Pennyroyal Tea". Les différences sont encore une fois limitée, Litt ayant plus mis en avant les voix qu'Albini avait laissé plus brutes. Il faut avoir l'oreille pour entendre la différence. Mais bon, l'un dans l'autre, ce disque réussit son travail, puisqu'il s'agit principalement de l'album original.
Disque 2, le mix 2013 de l'album original assorti de démos. Là encore, le remix est discret, on a mis l'accent tantôt sur les backvoices, tantôt sur la guitare par rapports aux versions originales. Je ne sais pas si ça justifie l'existence d'un remix, surtout que l'album original n'a pas particulièrement vieilli au niveau production. Ou du moins, ce cachet Steve Albini d'époque lui donne un certain charme. Qu'on remixe Surfer Rosa, par exemple, ou le volume est malheureusement assez faible (malgré un travail de prod remarquable), je comprendrais, mais là...
Ce remix est suivi de démos dont la plupart sont instrumentales. C'est sympa, on se croirait en studio, mais on en vient vite à comprendre que si les groupes attendent que le travail de mix soit fini pour sortir leurs albums, c'est qu'il y a une raison. Ce disque n'a d'intérêt que pour une version démo touchante de "Marigold" et une version d'"All Apologies" countrifiée où la guitare est trop mise en avant et la voix pas assez ; autant dire qu'il n'a pas d'intérêt. Sinon, on a une instrumentale sympa et un jam un peu poussif inédits pris en otage au milieu de ce ramassis de musique dispensable. Une belle arnaque.
Enfin, disque 3, celui qu'on attendait tous, le live de rigueur (qu'on retrouve en DVD sur le disque 4), et celui que les fans attendaient depuis belle lurette : l'intégralité du MTV Live & Loud. Je passe sur la prestation, qui est irréprochable, avec une setlist forcément excellente (notamment une version électrique de "The Man Who Sold The World", une excellente "Endless, Nameless" et l'un des meilleurs morceaux les plus sous-estimés, "Radio Friendly Unit Shifter" en introduction). Là, ma critique sera plus de l'ordre de la tétrapilectomie, mais le choix de CE live, d'autant plus comme argument pour justifier la version super deluxe super chère, me parait faible et facile. Ce live, les fans savent que Geffen l'a en intégralité dans ses cartons, ils le réclament depuis 20 ans, et là on leur agite sous le nez pour les pousser à investir plus dans un coffret dont le contenu à la base est plutôt discutable. Excellent disque, là n'est pas le problème.
Voilà donc ce que vaut l'édition super deluxe pour le 20e anniversaire. Enfin, ce qu'elle vaut qualitativement, car financièrement, il vous faudra débourser une centaine d'euros. Alors certes, l'objet est très beau, mais sachant que la version abordable ne propose que ce qui est dispensable dans ce coffret, on se dit que le prix est cher payé pour un DVD qui va à coup sûr ressortir en version intégrale, et le CD audio qui va avec. Pour une édition d'anniversaire, j'ai plutôt l'impression que Geffen aurait été plus honnête en ressortant le tout sous le titre de Cash Cow...
Moyen 10/20 | par Blackcondorguy |
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