The Last Embrace
Essentia |
Label :
Longfellow Deeds |
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Les rockeurs, comme les métaleux d'ailleurs, ont toujours aimé glisser un morceau acoustique dans leurs albums, histoire de renouer avec l'authenticité du bois et séduire le public féminin, tels des élans poussant leur brame d'amour bien au fond d'une forêt moite, sombre et touffue. C'était avant. Aux temps impurs où des ballades étaient en tête des hits parades. Depuis, de nombreuses formations ont fait de l'acoustique un genre à part entière, détaché de l'appel du rut, n'hésitant plus à composer ou à revisiter leur répertoire aux sons d'instruments moins ouvertement prolétaires et gueulards qu'une guitare avec la distorsion dans le rouge. Dans des styles très divers, nous pourrions citer Nostromo, Scott Kelly ou encore Antimatter.
Après un EP et deux albums, The Last Embrace s'y met et propose avec Essentia une réécriture acoustique de ses dix années de carrière, avec en accompagnement une poignée d'inédits et une reprise, superbe en l'occurrence, du "Roads" de Portishead dans une version dépouillée où toute la sensibilité des vocaux de Sandy trouve à s'exprimer.
Au risque de tordre le cou à un cliché, ce n'est pas parce que l'on débranche les instruments que l'on sombre obligatoirement dans la mélasse d'une mélancolie sans fin. La musique de The Last Embrace dans son format électrique habituel n'est déjà pas ce que l'on pourrait qualifier d'obscure, il n'y a donc aucune raison pour que la dépression fasse son apparition. "Mother" et "Concrete City" sont ainsi des titres plutôt enlevés à l'origine et qui s'adaptent parfaitement à ce nouveau format, notamment grâce à (et cela est en fait valable pour les dix chansons présentées ici) la voix très pure de Sandy qui n'essaie pas de singer les cantatrices du métal symphonique (Amanda Somerville, Floor Janser et autres Tarja Turunen). Elle est en fait plus proche d'une Beth Gibbons qui en aurait fini avec la neurasthénie ou d'une Anneke Van Giersbergen pour le timbre (même si cette dernière est intouchable) sur "Precious Pond" par exemple. On appréciera également l'excellent travail d'arrangement réalisé par Pierre-Henri (pianos et Rhodes) qui s'est chargé de l'écriture des partitions pour les cordes présentes sur Essentia, violons et violoncelles étant particulièrement mis en évidence tout au long de l'album. Pour le reste, The Last Embrace nous réserve de nombreuses surprises, comme une incartade très jazz manouche au milieu de "Inside", les passages à la flûte dans "Ompending Dawn" qui ne sont pas sans m'évoquer le célèbre Gong, ou encore une section rythmique sachant constamment allier finesse, subtilité et technique.
Bien sûr, on pourra toujours préférer les versions originales ou se demander pourquoi un groupe qui produit déjà peu choisit de sortir Essentia plutôt qu'un véritable nouvel album (qui est en cours). Choix et questionnement légitimes avant l'écoute mais qui n'ont plus lieu d'être après la dernière note de "Roads", qui clôture. The Last Embrace vient d'enfanter une superbe pièce de rock acoustique, sans doute une des meilleurs qui soient sorties en France mais qui permet également aux Parisiens d'aller titiller Anathema et Antimatter sur leur propre terrain. À noter en dernière instance une production simple, sans emphase inutile, qui a su se mettre au diapason des compositions et de l'esprit voulu par le groupe ainsi qu'un digipack très esthétique. Essentia est un beau disque pour les petits matins languissants, les après-midi grises et les soirées aux chandelles.
Après un EP et deux albums, The Last Embrace s'y met et propose avec Essentia une réécriture acoustique de ses dix années de carrière, avec en accompagnement une poignée d'inédits et une reprise, superbe en l'occurrence, du "Roads" de Portishead dans une version dépouillée où toute la sensibilité des vocaux de Sandy trouve à s'exprimer.
Au risque de tordre le cou à un cliché, ce n'est pas parce que l'on débranche les instruments que l'on sombre obligatoirement dans la mélasse d'une mélancolie sans fin. La musique de The Last Embrace dans son format électrique habituel n'est déjà pas ce que l'on pourrait qualifier d'obscure, il n'y a donc aucune raison pour que la dépression fasse son apparition. "Mother" et "Concrete City" sont ainsi des titres plutôt enlevés à l'origine et qui s'adaptent parfaitement à ce nouveau format, notamment grâce à (et cela est en fait valable pour les dix chansons présentées ici) la voix très pure de Sandy qui n'essaie pas de singer les cantatrices du métal symphonique (Amanda Somerville, Floor Janser et autres Tarja Turunen). Elle est en fait plus proche d'une Beth Gibbons qui en aurait fini avec la neurasthénie ou d'une Anneke Van Giersbergen pour le timbre (même si cette dernière est intouchable) sur "Precious Pond" par exemple. On appréciera également l'excellent travail d'arrangement réalisé par Pierre-Henri (pianos et Rhodes) qui s'est chargé de l'écriture des partitions pour les cordes présentes sur Essentia, violons et violoncelles étant particulièrement mis en évidence tout au long de l'album. Pour le reste, The Last Embrace nous réserve de nombreuses surprises, comme une incartade très jazz manouche au milieu de "Inside", les passages à la flûte dans "Ompending Dawn" qui ne sont pas sans m'évoquer le célèbre Gong, ou encore une section rythmique sachant constamment allier finesse, subtilité et technique.
Bien sûr, on pourra toujours préférer les versions originales ou se demander pourquoi un groupe qui produit déjà peu choisit de sortir Essentia plutôt qu'un véritable nouvel album (qui est en cours). Choix et questionnement légitimes avant l'écoute mais qui n'ont plus lieu d'être après la dernière note de "Roads", qui clôture. The Last Embrace vient d'enfanter une superbe pièce de rock acoustique, sans doute une des meilleurs qui soient sorties en France mais qui permet également aux Parisiens d'aller titiller Anathema et Antimatter sur leur propre terrain. À noter en dernière instance une production simple, sans emphase inutile, qui a su se mettre au diapason des compositions et de l'esprit voulu par le groupe ainsi qu'un digipack très esthétique. Essentia est un beau disque pour les petits matins languissants, les après-midi grises et les soirées aux chandelles.
Très bon 16/20 | par Arno Vice |
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