Lou Reed
Legendary Hearts |
Label :
RCA |
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Il est important de réhabiliter. C'est pas juste la mode. C'est pas juste un moyen de se la péter en mode "regardez un peu la perle que moi j'ai enfin compris et pas vous !". Non, c'est important parce qu'un album méconnu et mal-aimé a pu être victime de la presse de l'époque, n'ayant pas suffisamment de recul pour véritablement juger d'un disque fraîchement paru, surtout quand c'est celui d'un artiste avec un lourd passif, d'un artiste dont chaque nouvelle livraison sera comparée à ses gloires passées (Blonde On Blonde est certes un chef d'oeuvre de Dylan mais son Planet Waves, passé sous le radar, est tout aussi plaisant). Je remercierais toujours Rock&Folk et les Inrocks pour m'avoir fait découvrir 70% de mes disques favoris mais, putain, je leur en voudrais toujours pour avoir passé sous silence 30% de perles assassinées à la hâte dans des classements/rétrospective paresseuses. Ce Legendary Hearts, en fait partie. Personne sur X-Silence n'a eu la bonne idée de le chroniquer jusque là, préférant enquiller les bonnes notes sur Transformer. Transformer n'a pas besoin de davantage de publicité, il est suffisamment renommé - à juste titre. Legendary Hearts, en revanche, a besoin d'être réhabilité. Ou, tout simplement, remis sur le devant de la scène, le temps de la chronique amoureuse d'un amateur de Lou Reed qui ne sera un véritable fan que lorsqu'il aura enfin reconnu qu'il n'y a pas que New York et Berlin dans la vie.
Bon ok, on ne peut pas vraiment reprocher à la presse d'avoir sabordé la renommée de ce douzième album solo. Bien sûr, il souffrait d'être mis en parallèle avec le chef d'oeuvre The Blue Mask sorti l'année précédente - lui aussi rarement mentionné quand on dit du bien de Lou Reed comme si l'l'Histoire s'arrêtait à 1974 bordel. Oui sûr, le Lou de 82 semble plus inspiré que celui de 83. Et pourtant, en 2016, remettez cet album sur votre platine - pas d'excuses, il vient d'être réédité ! - et découvrez quelque chose de bien plus accessible et cohérent que - attention blasphème - un Berlin ou un Street Hassle - qui sont géniaux dans leurs fulgurances mais plus épuisants sur la durée.
Presque redevenu sobre, Lou n'a pourtant rien perdu de son mordant et alterne le côté "je fais mon malin" et "je fais mon sentimental", parfois les deux en même temps ("Betrayed", nouvelle visite douce amère de sa vie conjugale, l'album étant d'ailleurs dédié à sa femme). Il s'entoure bien, engageant à nouveau l'équipe de The Blue Mask, Robert Quinne à la guitare, Fernando Saunders à la basse et le pépère Fred Maher à la batterie. Dès la chanson-titre, on est en terrain conquis et il serait idiot de bouder son plaisir tant la suite est touchante, drôle, nonchalante, groovy et triste. "Make Up My Mind" est aussi douce que n'importe quelle ballade du Velvet, ça groove sévère sur "Martial Law" et "Bottoming Out". Tout ce qu'on aime chez Lou est présent (le parler-chanter mélancolique de la très belle "Rooftop Garden") sans que ça tourne à l'auto-parodie. Il se met presque à murmurer tout au long de la plus-cool-tu-crèves "Turn Out the Light", quintessence du style branleur new-yorkais.
Allez, si j'arrive à vous faire découvrir cette modeste réussite avec trois décennies de retard, je serais pas peu fier. Alors finalement, merci à la presse de ne pas avoir fait le boulot, ça me permet de faire de passionnantes heures supplémentaires.
Bon ok, on ne peut pas vraiment reprocher à la presse d'avoir sabordé la renommée de ce douzième album solo. Bien sûr, il souffrait d'être mis en parallèle avec le chef d'oeuvre The Blue Mask sorti l'année précédente - lui aussi rarement mentionné quand on dit du bien de Lou Reed comme si l'l'Histoire s'arrêtait à 1974 bordel. Oui sûr, le Lou de 82 semble plus inspiré que celui de 83. Et pourtant, en 2016, remettez cet album sur votre platine - pas d'excuses, il vient d'être réédité ! - et découvrez quelque chose de bien plus accessible et cohérent que - attention blasphème - un Berlin ou un Street Hassle - qui sont géniaux dans leurs fulgurances mais plus épuisants sur la durée.
Presque redevenu sobre, Lou n'a pourtant rien perdu de son mordant et alterne le côté "je fais mon malin" et "je fais mon sentimental", parfois les deux en même temps ("Betrayed", nouvelle visite douce amère de sa vie conjugale, l'album étant d'ailleurs dédié à sa femme). Il s'entoure bien, engageant à nouveau l'équipe de The Blue Mask, Robert Quinne à la guitare, Fernando Saunders à la basse et le pépère Fred Maher à la batterie. Dès la chanson-titre, on est en terrain conquis et il serait idiot de bouder son plaisir tant la suite est touchante, drôle, nonchalante, groovy et triste. "Make Up My Mind" est aussi douce que n'importe quelle ballade du Velvet, ça groove sévère sur "Martial Law" et "Bottoming Out". Tout ce qu'on aime chez Lou est présent (le parler-chanter mélancolique de la très belle "Rooftop Garden") sans que ça tourne à l'auto-parodie. Il se met presque à murmurer tout au long de la plus-cool-tu-crèves "Turn Out the Light", quintessence du style branleur new-yorkais.
Allez, si j'arrive à vous faire découvrir cette modeste réussite avec trois décennies de retard, je serais pas peu fier. Alors finalement, merci à la presse de ne pas avoir fait le boulot, ça me permet de faire de passionnantes heures supplémentaires.
Bon 15/20 | par Dylanesque |
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