Lou Reed
Street Hassle |
Label :
Arista |
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En 1978, Lou Reed assiste à l'explosion et bientôt la fin d'un mouvement dont il est l'un des principaux parrains, le punk. Le punk qui lui fait revenir à un rock plus brutal, proche des expérimentations d'un White Light/White Heat.
Mais Lou Reed en a fait du chemin depuis le Velvet, passant par tous les stades possibles de la vie d'une icône rock'n'roll. Le poète new-yorkais prend de la distance sur lui-même et sur le star-system. Mordant, ironique, Lou Reed envoie en guise de mise en bouche un décalque avorté de "Sweet Jane" avec "Gimme Some Good Times". Enregistré live en Allemagne comme la quasi-totalité de l'album, Lou Reed se moque par l'entremise d'un dialogue, du mythe qu'il est devenu. La voix est forcée, le groupe joue délibérément mal et le beat est lourd, écrasant. "Dirt" continue exactement dans la même veine et ajoute seulement quelques choeurs R'n'B.
Vient ensuite comme une grosse touffe de poils pubiens sur une soupe tiédasse, la chanson-titre. Poème épique de 11 minutes divisé en 3 parties soutenu par un quatuor à cordes classique. Pouh ! Enorme... Certaines personnes très avisées pensent même que Lou Reed n'a jamais fait mieux que "Street Hassle", période velvetienne comprise. Et franchement, il serait difficile de leur donner tort. Prostitution, drogues, New-York... tous les thèmes fétiches de Lou Reed y sont réunis. A noter que Bruce Springsteen, non crédité, vient lire quelques lignes du poème en fin de chanson.
Alors après ça difficile de faire mieux. Et Lou Reed ne fait pas mieux, bien au contraire. Il nous pond même une des ces bouses monstrueuses dont lui seul a le secret, "I Wanna Be Black". Sorte de boogie informe qui donne la nausée, "I Wanna Be Black" est sensé être une grosse blague mais les paroles sont tellement affligeantes que même Eddy Mitchell y aurait réfléchi à deux fois avant de la chanter. Jugez sur pièce: 'I wanna be black, have natural rhythm Shoot twenty foot of jism too And fuck up the jews'. Que c'est mauvais... Et comme pour confirmer ce qui se profilait depuis le début, à savoir que Street Hassle est un album bancal à l'extrême, c'est un excellent "Real Good Time Together" qui redresse de suite la barre et nous fait comprendre par son influence évidente le pourquoi du "Ode To Street Hassle" des Spacemen 3. Les 3 dernières chansons sont plus anecdotiques, un point tout de même pour "Leave Me Alone".
Inconsistant, alternant le meilleur et le pire de Lou Reed, Street Hassle est un album très difficile à noter. Mais ne serait-ce que pour la chanson-titre, cet album se doit de conquérir toute votre sympathie.
Mais Lou Reed en a fait du chemin depuis le Velvet, passant par tous les stades possibles de la vie d'une icône rock'n'roll. Le poète new-yorkais prend de la distance sur lui-même et sur le star-system. Mordant, ironique, Lou Reed envoie en guise de mise en bouche un décalque avorté de "Sweet Jane" avec "Gimme Some Good Times". Enregistré live en Allemagne comme la quasi-totalité de l'album, Lou Reed se moque par l'entremise d'un dialogue, du mythe qu'il est devenu. La voix est forcée, le groupe joue délibérément mal et le beat est lourd, écrasant. "Dirt" continue exactement dans la même veine et ajoute seulement quelques choeurs R'n'B.
Vient ensuite comme une grosse touffe de poils pubiens sur une soupe tiédasse, la chanson-titre. Poème épique de 11 minutes divisé en 3 parties soutenu par un quatuor à cordes classique. Pouh ! Enorme... Certaines personnes très avisées pensent même que Lou Reed n'a jamais fait mieux que "Street Hassle", période velvetienne comprise. Et franchement, il serait difficile de leur donner tort. Prostitution, drogues, New-York... tous les thèmes fétiches de Lou Reed y sont réunis. A noter que Bruce Springsteen, non crédité, vient lire quelques lignes du poème en fin de chanson.
Alors après ça difficile de faire mieux. Et Lou Reed ne fait pas mieux, bien au contraire. Il nous pond même une des ces bouses monstrueuses dont lui seul a le secret, "I Wanna Be Black". Sorte de boogie informe qui donne la nausée, "I Wanna Be Black" est sensé être une grosse blague mais les paroles sont tellement affligeantes que même Eddy Mitchell y aurait réfléchi à deux fois avant de la chanter. Jugez sur pièce: 'I wanna be black, have natural rhythm Shoot twenty foot of jism too And fuck up the jews'. Que c'est mauvais... Et comme pour confirmer ce qui se profilait depuis le début, à savoir que Street Hassle est un album bancal à l'extrême, c'est un excellent "Real Good Time Together" qui redresse de suite la barre et nous fait comprendre par son influence évidente le pourquoi du "Ode To Street Hassle" des Spacemen 3. Les 3 dernières chansons sont plus anecdotiques, un point tout de même pour "Leave Me Alone".
Inconsistant, alternant le meilleur et le pire de Lou Reed, Street Hassle est un album très difficile à noter. Mais ne serait-ce que pour la chanson-titre, cet album se doit de conquérir toute votre sympathie.
Sympa 14/20 | par Sirius |
Posté le 11 mai 2008 à 21 h 09 |
Street Hassle est un album important puisqu'il représente toute la complexité de l'esprit de son compositeur. La chanson éponyme est une perle absolue, la noirceur dandy d'un Velvet qui se serait mis aux cordes (John Cale a du être scotché par ce tour de force!). Street Hassle reste un album bancal puisque la perle-pivot du disque est entourée d'une amertume "je m'en foutiste", mais qui reste propre à l'album. On est loin de l'ironie grinçante du rock couillu de Rock'n'Roll Animal, loin de l'atrocité funk de Sally Can't Dance, encore moins loin de la tabula rasa de Metal Machine Music. Ici c'est une amertume qui veut moins être un coup d'éclat, c'est plus poisseux, plus "garage". Mais les titres sont excellents. "Dirt" (où il insulte son manager) représente bien l'ambiance toxicomane qui devait régner à ce moment-là, "I Wanna Be Black" reprend des clichés raciaux sur du boogie bas de gamme... L'ensemble des morceaux est bourré de cette colère ironique et paranoïaque propre à Lou Reed dont l'acidité reste unique. La dernière chanson "Wait" est un hommage magnifique (et beaucoup trop ignoré) aux girls group et la musique des années 50. Les choeurs féminins, présents pendant tout au long de l'album amènent une douceur, une candeur qui une fois immergée dans la noirceur de l'album, crée une atmosphère unique, riche et profonde. Un album complexe, hétéroclite mais à découvrir absolument pour tout ceux que la personnalité de Lou Reed passionne.
Excellent ! 18/20
Posté le 18 septembre 2008 à 12 h 07 |
Voilà un méchant album. Un album bancal, boiteux, brutal. Ici, Lou semble encore plus paumé que d'habitude : c'est le parfait album du looser pour qui tout va de travers, une confession déglinguée d'alcoolique non-anonyme qui craint l'avenir comme on appréhende la lame d'une guillotine. Quasiment entièrement enregistré en live, les morceaux sont casses gueules comme rarement : ça sonne vertigineusement faux, Lou chante comme une chèvre sous acides. Il réutilise son répertoire du Velvet Underground pour sciemment le fusiller : le premier morceau, "Gimme Some Good Times", reprend les grandes lignes de Sweet Jane, et ça sonne aussi jouissif que catastrophique. Les paroles sont ordurières et se foutent ouvertement du fameux hit, c'est de l'auto destruction musicale, c'est à la fois fascinant et pathétique. "Real Good Times" est du même calibre : une ancienne chanson du Velvet massacrée de manière presque malsaine, ça pue l'ironie cocaïnée. Dans Street Hassle, on flirte constamment avec l'agression : "Leave Me Alone" c'est le top de la misanthropie, et "Dirt", clairement destinée à son ancien manager et avocat Dennis Katz, est lourd de menace et envoie gravement au tapis le "Positively 4th Street" de Dylan en matière de mépris.
Mais tout cela n'est rien à côté du morceau titre. Au milieu de ce foutoir apocalyptique se trouve une pièce absolument atypique de presque 11 minutes. Au milieu d'un arrangement de cordes classiques d'une beauté à crever sur place, Lou raconte tranquillement une histoire comme il les aime, une histoire qui sent le caniveau new-yorkais à plein nez. Une étrange relation sexuelle déviante mais néanmoins tendre. Le cauchemar commence à la deuxième partie : l'héroïne meurt d'une overdose minable, et un étrange personnage d'un cynisme monstrueux conseille à l'amant de prendre le macchabée et de le laisser dans la rue pour faire croire à un accident. Le texte est d'une cruauté terrifiante, et, dans la troisième et dernière partie, après quelques vers plus humains chuchotés par l'invité Springsteen sur un ton désinvolte, Lou se lâche complètement. Sa voix, qui n'a jamais été aussi vulnérable, lâche une plainte bouleversante. Et voilà l'animal le plus féroce du rock qui supplie qu'on ne le laisse pas seul. Le voilà, après tant d'horreurs froidement débitées, qui semble demander à ce qu'on le pardonne d'être un connard. Monsieur Metal Machine Music prie pour ne pas perdre la raison. Street Hassle, la chanson, est un tel chef d'œuvre qu'on peut se passer de tout le reste de la musique. C'est plus fort que Berlin, et ça ne dure même pas 11 minutes.
Maintenant, c'est sûr que foutre le mal embouché et crétin I Wanna Be Black Juste derrière, ça ressemble à un crime de lèse majesté.
Mais tout cela n'est rien à côté du morceau titre. Au milieu de ce foutoir apocalyptique se trouve une pièce absolument atypique de presque 11 minutes. Au milieu d'un arrangement de cordes classiques d'une beauté à crever sur place, Lou raconte tranquillement une histoire comme il les aime, une histoire qui sent le caniveau new-yorkais à plein nez. Une étrange relation sexuelle déviante mais néanmoins tendre. Le cauchemar commence à la deuxième partie : l'héroïne meurt d'une overdose minable, et un étrange personnage d'un cynisme monstrueux conseille à l'amant de prendre le macchabée et de le laisser dans la rue pour faire croire à un accident. Le texte est d'une cruauté terrifiante, et, dans la troisième et dernière partie, après quelques vers plus humains chuchotés par l'invité Springsteen sur un ton désinvolte, Lou se lâche complètement. Sa voix, qui n'a jamais été aussi vulnérable, lâche une plainte bouleversante. Et voilà l'animal le plus féroce du rock qui supplie qu'on ne le laisse pas seul. Le voilà, après tant d'horreurs froidement débitées, qui semble demander à ce qu'on le pardonne d'être un connard. Monsieur Metal Machine Music prie pour ne pas perdre la raison. Street Hassle, la chanson, est un tel chef d'œuvre qu'on peut se passer de tout le reste de la musique. C'est plus fort que Berlin, et ça ne dure même pas 11 minutes.
Maintenant, c'est sûr que foutre le mal embouché et crétin I Wanna Be Black Juste derrière, ça ressemble à un crime de lèse majesté.
Très bon 16/20
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