The Church
Gold Afternoon Fix |
Label :
Arista |
||||
En 1988, avec l'album précédent, Starfish, The Church avait obtenu un mini-hit : "Under The Milky Way". Les portes du succès grand public leur semblaient alors potentiellement ouvertes, comme elles l'avaient été plus tôt dans la décennie pour d'autres groupes post-punk, comme U2 ou The Cure. The Church avait acquis un début de notoriété sinon de popularité aux Etats-Unis, le plus grand marché du monde. La maison de disque fait pression sur le groupe pour qu'il sorte un tube au moins égal à "Under The Milky Way". Le groupe veut travailler avec John Paul Jones (qui produit la même année Children de The Mission), mais c'est finalement Waddy Wachtel qui est retenu, le producteur de Starfish. Malheureusement, celui-ci ne met pas en valeur la musique du groupe, au contraire il la saborde. Le son est assez plat et fade, desservant les compositions. De plus, des tensions apparaissent avec le batteur, qui partira après l'album. Le son de batterie n'est vraiment pas à la hauteur. Toutefois, cette indigence de la production a été en grande partie réparée par la remasterisation de l'album, réédité en 2005. Il contient en outre un deuxième CD très riche de bonus tracks. Pas moins de 9 titres inédits, allant du sympa ("Much Too Much, "Take It Back") au très bon ("Forgotten Reign", "Hunter"), et des versions acoustiques, très réussies, de "Metroplis" et de "Grind". Entre l'édition d'origine et la réédition, il n'y a donc pas à hésiter une seule seconde...
The Church, c'est Steve Kilbey, un chanteur à la voix unique et irrésistible, veloutée, élégante et enveloppante, excellent songwritter, et deux guitaristes d'exception qui ne sont pas là pour faire de la figuration, ni non plus de la démonstration. The Church reste un groupe à guitares, lumineuses ou tranchantes, et à mélodies, brillantes et audacieuses. Pour compenser l'absence de 12 cordes (la Rickenbacker de Marty Willson-Piper a été volée lors de la tournée précédente), le groupe fait un plus grand usage que de coutume de la mandoline ("Metropolis", "Monday Morning").
Le son sur Gold Afternoon Fix est plus opaque qu'auparavant, tout en restant plus cristallin qu'il ne sera sur l'album suivant. L'ambiance, plus sombre et tendue, annonce en effet Priest=Aura, l'œuvre au noir et le grand œuvre de The Church. C'est surtout le cas pour l'énigmatique, inquiétant et opiacé (le groupe fera une grande consommation de cette plante) "Pharoah", qui ouvre l'album, et qui a lui seul interdit alors de considérer Gold Afternoon Fix comme un album grand public. Les titres des morceaux sont d'ailleurs très courts, souvent réduits à un seul mot, pratique qui sera poussée à son comble lors de l'album suivant.
Gold Afternoon Fix est quelque peu desservi par son hétérogénéité. Les compositions les plus lumineuses sont les deux singles, "Metropolis", très réussi, et "You're Still Beautiful", titre pop-funk atypique du son du groupe, qui n'a rien à faire ici. Mais The Church n'accouche pas d'un nouveau "Under The Milky Way". L'album compte d'excellentes chansons (comme "Terra Nova Cain", "Essence", ou "Transient", chanté par le guitariste Peter Koppes). Accessoirement, les très mélancoliques "Disappointment" et "Grind", avec des tours de force des deux guitaristes (raaah, ce solo de guitare flamenco !) sont deux des plus belles ballades de tous les temps. Mais d'autres titres tombent un peu à l'eau ("City", "Russian Autumn Heart", chanté par le guitariste Marty Willson-Piper).
Mais le son de The Church est à l'époque "ringardisé" par l'avènement du grunge, ses grosses guitares saturées et ses mélodies pas toujours finaudes. L'heure n'est plus au travail d'orfèvre et au psychédélisme en ce début d'années 90. Seulement, une vingtaine d'années plus tard, la musique de The Church reste (ou est redevenue) prégnante, tandis que c'est le grunge, trop ancré dans son époque, qui est démodé depuis longtemps et semble ringard.
The Church a accouché, dans la douleur, d'un très bon album, mais il n'a pas été soutenu par sa maison de disques, qui ne lui a pas assuré de promotion. L'essai de Starfish n'est donc pas transformé, sur le plan du succès (l'album se vend même encore moins que celui-ci), et le groupe retombe dans l'indifférence dont il venait à peine de commencer à sortir. Gold Afternoon Fix, pétard mouillé, coup d'épée dans l'eau, éléphant qui accouche d'une souris ? Sur le plan commercial, sans l'ombre d'un doute, mais ces perdants magnifiques livrent ici un album d'une grande classe, bien supérieur à la moyenne des albums de rock.
The Church, trop anglais pour les Australiens, trop américain pour les Anglais, trop australien pour les Américains , trop rock pour le public new wave, trop new wave pour le public rock, trop pop et lumineux pour le public indé, trop indé et sombre pour le grand public, trop ésotérique et insaisissable pour tout le monde, n'a pas trouvé sa place, et ne la trouvera jamais, restant le groupe maudit (mais absolument génial) par excellence.
The Church, c'est Steve Kilbey, un chanteur à la voix unique et irrésistible, veloutée, élégante et enveloppante, excellent songwritter, et deux guitaristes d'exception qui ne sont pas là pour faire de la figuration, ni non plus de la démonstration. The Church reste un groupe à guitares, lumineuses ou tranchantes, et à mélodies, brillantes et audacieuses. Pour compenser l'absence de 12 cordes (la Rickenbacker de Marty Willson-Piper a été volée lors de la tournée précédente), le groupe fait un plus grand usage que de coutume de la mandoline ("Metropolis", "Monday Morning").
Le son sur Gold Afternoon Fix est plus opaque qu'auparavant, tout en restant plus cristallin qu'il ne sera sur l'album suivant. L'ambiance, plus sombre et tendue, annonce en effet Priest=Aura, l'œuvre au noir et le grand œuvre de The Church. C'est surtout le cas pour l'énigmatique, inquiétant et opiacé (le groupe fera une grande consommation de cette plante) "Pharoah", qui ouvre l'album, et qui a lui seul interdit alors de considérer Gold Afternoon Fix comme un album grand public. Les titres des morceaux sont d'ailleurs très courts, souvent réduits à un seul mot, pratique qui sera poussée à son comble lors de l'album suivant.
Gold Afternoon Fix est quelque peu desservi par son hétérogénéité. Les compositions les plus lumineuses sont les deux singles, "Metropolis", très réussi, et "You're Still Beautiful", titre pop-funk atypique du son du groupe, qui n'a rien à faire ici. Mais The Church n'accouche pas d'un nouveau "Under The Milky Way". L'album compte d'excellentes chansons (comme "Terra Nova Cain", "Essence", ou "Transient", chanté par le guitariste Peter Koppes). Accessoirement, les très mélancoliques "Disappointment" et "Grind", avec des tours de force des deux guitaristes (raaah, ce solo de guitare flamenco !) sont deux des plus belles ballades de tous les temps. Mais d'autres titres tombent un peu à l'eau ("City", "Russian Autumn Heart", chanté par le guitariste Marty Willson-Piper).
Mais le son de The Church est à l'époque "ringardisé" par l'avènement du grunge, ses grosses guitares saturées et ses mélodies pas toujours finaudes. L'heure n'est plus au travail d'orfèvre et au psychédélisme en ce début d'années 90. Seulement, une vingtaine d'années plus tard, la musique de The Church reste (ou est redevenue) prégnante, tandis que c'est le grunge, trop ancré dans son époque, qui est démodé depuis longtemps et semble ringard.
The Church a accouché, dans la douleur, d'un très bon album, mais il n'a pas été soutenu par sa maison de disques, qui ne lui a pas assuré de promotion. L'essai de Starfish n'est donc pas transformé, sur le plan du succès (l'album se vend même encore moins que celui-ci), et le groupe retombe dans l'indifférence dont il venait à peine de commencer à sortir. Gold Afternoon Fix, pétard mouillé, coup d'épée dans l'eau, éléphant qui accouche d'une souris ? Sur le plan commercial, sans l'ombre d'un doute, mais ces perdants magnifiques livrent ici un album d'une grande classe, bien supérieur à la moyenne des albums de rock.
The Church, trop anglais pour les Australiens, trop américain pour les Anglais, trop australien pour les Américains , trop rock pour le public new wave, trop new wave pour le public rock, trop pop et lumineux pour le public indé, trop indé et sombre pour le grand public, trop ésotérique et insaisissable pour tout le monde, n'a pas trouvé sa place, et ne la trouvera jamais, restant le groupe maudit (mais absolument génial) par excellence.
Très bon 16/20 | par Gaylord |
En ligne
339 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages