Johnny Cash
Bitter Tears |
Label :
Columbia |
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Au début des années 60, Johnny Cash entreprend une série de concept albums (bien avant donc le Sgt Pepper des Beatles) glorifiant l'histoire et la culture américaine en usant de tous les clichés possibles. Mais en 1964, Johnny Cash surprend son monde avec ce Bitter Tears dédié à la cause indienne. Il va même certainement choquer son monde quant on connaît l'esprit réac des déféndeurs de la country tradionnelle en ce début des années 60.
En véritable protest-singer, l'homme en noir épouse le point de vue des indiens d'Amérique meurtris et humiliés par des siècles de colonisation européenne. La plupart des chansons de Bitter Tears proviennent en fait du répertoire du songwriter Peter La Farge. Indien attaché aux traditions de son peuple, Peter La Farge fut une des grandes figures de la scène folk de Greenwich Village. Il mourrut 1 an à peine après la sortie de Bitter Tears, ne pouvant ainsi profiter du succès de l'album de Johnny Cash. Ses chansons sont toutes destinées à conter les multiples spoliations et souffrances dont a été victime le peuple indien. "As Long As The Grass Shall Grow" qui ouvre l'album dénonce ainsi les fameux traités jamais respectés par le gouvernement US et qui promettaient de vaste terres pour les tribus indiennes. Plus connue, "The Ballad Of Ira Hayes" est un brûlant hommage à cet indien de la tribu Pima (la même que Peter La Farge) qui fit parti des 6 hommes hissant le drapeau américain sur l'île d'Iwo Jima. Immortalisé par la célèbre photo de Joe Rosenthal, ce moment fugace deviendra très vite un symbole de la Seconde Guerre Mondiale et plus généralement de l'Amérique combattante. Mais Ira Hayes, héros très vite déchu, traumatisé comme tant d'autres par la guerre, sombra dans l'alcoolisme et mourut 10 plus tard etouffé dans son vomi.
De quoi se sentir révolté, ulcéré mais Johnny Cash accompagné par des choeurs féminins à tomber, préfère prendre le plus souvent une posture de narrateur au ton grave quasiment monocorde, proche du spoken-word. Leçon d'histoire magistrale que l'on écoute avec attention et fascination. Le seul moment ou Johnny Cash exulte est la diatribe "Custer" où l'homme en noir plus sarcastique que jamais semble se retenir de ne pas éclater de rire quant il entonne avec cynisme et dédain 'And the General, he don't ride anymore'. Le ton général de l'album est toutefois beaucoup plus triste comme résigné devant tant d'injustices. L'extraordinaire "The Vanishing Race" (de Johnny Horton) qui clôt l'album, plus indienne que jamais, s'apparente même à une cérémonie funèbre. Impressionnant.
Cet album très court (il ne contient que 8 chansons) se situant entre manifeste et hommage au peuple indien, est un pur chef-d'oeuvre de folk-country ambitieux et sincère. Certainement le premier chef-d'oeuvre de l'homme en noir.
En véritable protest-singer, l'homme en noir épouse le point de vue des indiens d'Amérique meurtris et humiliés par des siècles de colonisation européenne. La plupart des chansons de Bitter Tears proviennent en fait du répertoire du songwriter Peter La Farge. Indien attaché aux traditions de son peuple, Peter La Farge fut une des grandes figures de la scène folk de Greenwich Village. Il mourrut 1 an à peine après la sortie de Bitter Tears, ne pouvant ainsi profiter du succès de l'album de Johnny Cash. Ses chansons sont toutes destinées à conter les multiples spoliations et souffrances dont a été victime le peuple indien. "As Long As The Grass Shall Grow" qui ouvre l'album dénonce ainsi les fameux traités jamais respectés par le gouvernement US et qui promettaient de vaste terres pour les tribus indiennes. Plus connue, "The Ballad Of Ira Hayes" est un brûlant hommage à cet indien de la tribu Pima (la même que Peter La Farge) qui fit parti des 6 hommes hissant le drapeau américain sur l'île d'Iwo Jima. Immortalisé par la célèbre photo de Joe Rosenthal, ce moment fugace deviendra très vite un symbole de la Seconde Guerre Mondiale et plus généralement de l'Amérique combattante. Mais Ira Hayes, héros très vite déchu, traumatisé comme tant d'autres par la guerre, sombra dans l'alcoolisme et mourut 10 plus tard etouffé dans son vomi.
De quoi se sentir révolté, ulcéré mais Johnny Cash accompagné par des choeurs féminins à tomber, préfère prendre le plus souvent une posture de narrateur au ton grave quasiment monocorde, proche du spoken-word. Leçon d'histoire magistrale que l'on écoute avec attention et fascination. Le seul moment ou Johnny Cash exulte est la diatribe "Custer" où l'homme en noir plus sarcastique que jamais semble se retenir de ne pas éclater de rire quant il entonne avec cynisme et dédain 'And the General, he don't ride anymore'. Le ton général de l'album est toutefois beaucoup plus triste comme résigné devant tant d'injustices. L'extraordinaire "The Vanishing Race" (de Johnny Horton) qui clôt l'album, plus indienne que jamais, s'apparente même à une cérémonie funèbre. Impressionnant.
Cet album très court (il ne contient que 8 chansons) se situant entre manifeste et hommage au peuple indien, est un pur chef-d'oeuvre de folk-country ambitieux et sincère. Certainement le premier chef-d'oeuvre de l'homme en noir.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Sirius |
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