Mogwai
Mogwai à Paris, avant la sortie de Mr. Beast [jeudi 15 décembre 2005] |
Froide soirée de décembre, trois mois quasiment avant la parution officielle du sixième album de Mogwai, Stuart Braithwaite et Martin Bulloch nous ont donné un rendez-vous privilégié en leur compagnie, histoire d'en savoir un peu plus sur ce Mr. Beast tant attendu, mais aussi sur les trois dernières années écoulées depuis Happy Songs For Happy People, le travail réalisé avec Rock Action, l'évolution du post-rock, et sur leur idée de l'évolution de Mogwai.
Ou quand le rock instrumental prend la parole ...
(Interview réalisée par Jekyll et X_GirlfromMars)
XSilence : Avec un titre comme "Mr. Beast", vous nous annoncez le retour des Gremlins !? La Bête est de sortie ?
Stuart : En fait le titre provient d’une pancarte qu’un chauffeur de taxi tenait à la sortie d’un aéroport. En sortant de l’avion on a vu cette pancarte « Mr and Ms Beast », et on a trouvé ça très drôle sur le coup ; ensuite on a blagué sur l’idée d’appeler notre album Mr. Beast, sans être vraiment sérieux. Mais au final on a rien trouvé de mieux, donc on a gardé ce titre.
Stuart : En fait le titre provient d’une pancarte qu’un chauffeur de taxi tenait à la sortie d’un aéroport. En sortant de l’avion on a vu cette pancarte « Mr and Ms Beast », et on a trouvé ça très drôle sur le coup ; ensuite on a blagué sur l’idée d’appeler notre album Mr. Beast, sans être vraiment sérieux. Mais au final on a rien trouvé de mieux, donc on a gardé ce titre.
Ce sixième album "Mr. Beast" semble sonner plus rock. C'était votre projet dés le départ, ou c'est venu naturellement ?
S : Non, on ne travaille pas pour avoir des morceaux plus calmes ou plus lourds, c’est juste qu’on aime jouer en live, et que là on voulait composer des morceaux plus forts, qu’on prendrait plaisir à jouer en live. Donc tout cela, c’est pour le plaisir.
S : Non, on ne travaille pas pour avoir des morceaux plus calmes ou plus lourds, c’est juste qu’on aime jouer en live, et que là on voulait composer des morceaux plus forts, qu’on prendrait plaisir à jouer en live. Donc tout cela, c’est pour le plaisir.
On a l'impression que le piano est central dans cet album, et que vous avez choisi d'abandonner les effets en tout genre pour un son plus pur.
S : C’est vrai que le piano a un son très naturel, on ne voulait pas trop le modifier. Il me semble que les chansons avec le piano vont plutôt bien, et c’est vrai qu’il y a beaucoup de ça sur l’album, surtout parce que Barry a acheté un grand piano pour notre studio et je crois qu’il aime bien en jouer.
C' était la volonté du groupe, que vous avez voulu tous ensemble, ou cela émane t-il d'un membre en particulier ?
S : Non, tout le monde est impliqué.
Martin : La plupart des membres du groupe participent à la composition des chansons de toutes façons, donc ce n’est pas le choix d’une personne en particulier.
S : Non, tout le monde est impliqué.
Martin : La plupart des membres du groupe participent à la composition des chansons de toutes façons, donc ce n’est pas le choix d’une personne en particulier.
Le leader du groupe japonais Envy joue sur le dernier titre de l'album, "I Chose Horses". Comment les avez-vous rencontrés avant leur signature sur Rock Action ?
M : En fait on les a signés sur Rock Action avant de les rencontrer personnellement. Au cours d’une tournée au Japon, un fan de Mogwai nous a donné un enregistrement sur MD de Envy, qu’on a écouté et trouvé très bon. Ensuite il y a eu pas mal de temps avant qu’on puisse effectivement sortir le disque, il a fallu trouver un accord avec Tendo, le label de Envy au Japon, ça a été franchement pénible ; mais on a fini par sortir le disque et on en était très content ! Ce n’est que plus tard qu’on a effectivement rencontré les membres d’Envy, quand on leur a proposé de tourner avec nous.
Et quand il vous a proposé ses paroles en japonais pour ce titre, vous avez compris tout de suite ce qu'elles signifiaient ?
S : On a vu leur traduction en fait ! (rires)
M : Oui, en fait on a entendu la traduction des paroles.
S : Mais ce n’était pas important. Nous avons énormément de respect pour Tetsu et la musique qu’il fait ; et je pense que dans ce cas il faut faire confiance et penser que ce sera quelque chose qui nous ira bien.
S : On a vu leur traduction en fait ! (rires)
M : Oui, en fait on a entendu la traduction des paroles.
S : Mais ce n’était pas important. Nous avons énormément de respect pour Tetsu et la musique qu’il fait ; et je pense que dans ce cas il faut faire confiance et penser que ce sera quelque chose qui nous ira bien.
Lorsque nous avons vu la couverture de "Mr. Beast" la première fois, nous l'avons tout de suite rapprochée du tableau La Cène de De Vinci. Il y a un lien explicite entre les deux ?
S : Ce n’est pas nous qui l’avons peinte ! On a demandé à une artiste canadienne qui nous avait envoyé quelques unes de ses oeuvres, que l’on aimait bien, de faire la couverture. Nous n’avons vu que le résultat final, donc pour l’inspiration je ne sais pas, on ne peut pas vous dire. Peut-être est-ce La Cène ?! ... En tout cas nous aimons beaucoup cette couverture ! Elle a été faite spécifiquement pour Mr. Beast.
Vous avez écouté quels artistes et quels albums durant l'enregistrement de "Mr. Beast" ?
S : Je n’ai écouté que notre album ! En fait pendant l’enregistrement, on n’a pas beaucoup de temps pour écouter autre chose, on écoute beaucoup moins de musique que d’habitude.
Même pas le dernier Sun O))) ?
S : Oui, c’est un groupe que nous aimons beaucoup, leur album est excellent.
"Rock Action" et "Happy Songs" contenaient beaucoup de sons électroniques et d'effets. Vous avez envie de continuer à travailler dans cette direction dans l'avenir ?
S : On ne sait pas encore, le futur, c’est dans longtemps ! ... Peut-être, c’est vrai qu’on aime beaucoup ces sons électroniques, même si je vois mal Mogwai devenir purement électronique. Je ne sais pas trop ce qu’on fera à l’avenir ; on n’a pas de plans précis, on se méfie de ce type de plans !
On aimerait parler un peu de Rock Action, votre label. On imagine que vous devez être très occupés par la gestion du label, et c'est en même temps quelque chose de très excitant que de pouvoir découvrir et signer de nouveaux groupes. Mais est-ce que cette activité est parfois contraignante pour Mogwai ?
M : On emploie un responsable pour notre label, c’est quelqu’un qui travaillait avant pour notre propre manager et en qui on a toute confiance. C’est complètement impossible pour nous quand on est en tournée, de s’occuper sérieusement du label ; donc Craig s’occupe de pas mal de choses à notre place, notamment les tâches pratiques.
Jekyll : Quand j'ai écouté la compil Rock Action il y a 2 ans, je suis complètement tombé sous le charme de Part Chimp, un groupe qu'a produit John Cummings. Ils ont prévu de sortir un deuxième album ? Cummings sera impliqué ?
S : Bah en fait ils viennent de sortir leur second album le mois dernier ! Il est excellent, tu devrais l’écouter. Ca s’appelle I Am Come et John (Cummings) est à nouveau le producteur, effectivement.
Vous envisagez de faire des tournées avec d'autres groupes de Rock Action ?
S : Oui, peut-être on tournera avec des artistes de Rock Action cette année. Tu sais, on ne sait même pas qui jouera avec nous pour le concert de la semaine prochaine, alors ... Mais on aimerait bien !
M : Oui, et puis financièrement c’est bien mieux ! On en profite pour vendre des disques Rock Action ! (rires)
S : Avec Part Chimp, c’est quand même compliqué, ils tournent assez peu. L’un des membres a un super job et assez peu de temps libre ... Là ils étaient aux Etats-Unis pour le festival South By South West et une tournée, donc je ne sais pas, peut-être sur un week-end on aurait une opportunité.
Jekyll : La dernière fois que je vous ai vus sur scène, c'était à l'Elysée Montmartre. J'avais l'impression que ce genre de salles ne convient pas à votre musique, que c'est trop grand.
Préférez-vous de plus petites salles, quitte à faire plusieurs dates de suite ?
S : L' Elysée Montmartre ça allait, mais c’est vrai que je préfère sans doute des salles plus petites. J’aime les salles de 1000, 2000 personnes. J’aime bien aussi les salles vraiment petites, mais elles ont pas mal d’inconvénients : la sono, ou le son sur la scène ne sont pas toujours super, et puis dès que tu commences à devenir populaire tu dois y jouer plusieurs soirs d’affilée. Je pense que mes salles préférées sont celles comparables à l’Astoria à Londres, ou aux Barrowlands à Glasgow.
Et comment aviez-vous géré et vécu votre expérience en première partie des Pixies, il y a un an et demi au Zénith de Paris ?
S : Pour être franc, à un moment quelqu’un, un des agents ou un promoteurs, a du se dire : « Tiens, pourquoi pas ? » . Franchement je ne sais pas, je pense que les Pixies sont sans doute trop occupés, je ne suis pas sûr qu’ils aient choisi qui que ce soit sur le programme, ils sont occupés à répéter leurs chansons ! Mais bon, c’était bien !
M : C’était un vrai privilège de jouer avec eux, on est tous de gros fans !
S : Oui, c’est un groupe qu’on adorait quand on était jeunes, donc c’était quelque chose d’assez spécial que de jouer avec eux.
M : Je ne les avais pas vus à l’époque, donc là c’était carrément fantastique de les voir, écouter leurs chansons.
S : Et on a aussi joué en Grèce avec eux.
Pour beaucoup, Mogwai est considéré comme le groupe leader du 'post-rock'. On sait que vous n'aimez pas les étiquettes, mais est-ce que vous vous reconnaissez dans ce terme ? Quelle votre point de vue sur la scène post-rock, et quelle en est votre propre définition ?
S : On comprend que les gens nous associent à tout un tas de groupes, parce qu’ils jouent des chansons longues et purement instrumentales, mais ... enfin, je ne suis pas trop d’accord, parce qu’il y a pas mal de ces groupes avec lesquels on n’a pas grand chose en commun. Ce n’est pas qu’ils soient mauvais, c’est juste qu’on ne partage pas forcément beaucoup de choses. Et puis, ça me paraît quand même prétentieux, « post-rock », pour un groupe de rock ... Dire qu’on fait du « post-rock », c’est un peu comme si on prétendait être supérieurs intellectuellement à tous ces groupes qui font encore du rock, et ça ce sont des conneries ! Donc, je comprends qu’on puisse dire ça, mais le concept n’est pas bon.
Ne pourrait-on pas dire finalement que le genre post-rock s'autoparodie aujourd'hui et qu'il en a perdu son sens ?
M : Oui, ce truc des catégories ... Pourquoi les gens ont-ils besoin de catégoriser les groupes ? Le truc c’est qu’il y avait des gens pour décrire ce qu’on faisait avant que quelqu’un ne sorte ce terme de « post-rock », et ils décrivaient des groupes comme Tortoise bien avant cela encore, donc, je sais pas ... C’est de la paresse journalistique, du marketing vite fait.
M : Oui, ce truc des catégories ... Pourquoi les gens ont-ils besoin de catégoriser les groupes ? Le truc c’est qu’il y avait des gens pour décrire ce qu’on faisait avant que quelqu’un ne sorte ce terme de « post-rock », et ils décrivaient des groupes comme Tortoise bien avant cela encore, donc, je sais pas ... C’est de la paresse journalistique, du marketing vite fait.
Un autre groupe pionnier du genre, Slint, a fait son retour sur scène en 2005, mais sans proposer de nouvel album. Qu'est-ce que vous pensez de cette démarche surprenante ?
S : Je trouve ça super.
M : J’était juste reconnaissant de pouvoir les voir, c’est un groupe extraordinaire !
S : Presque tout le monde les a découverts après qu’ils aient arrêté de jouer, donc je pense qu’il y avait une vraie demande pour qu’ils rejouent. Et il y avait un petit créneau, parce que je crois que c’est Brian qui commence une nouvelle carrière, mais il n’y avait pas non plus trop de temps. Ils ont pris beaucoup de temps à rejouer les anciens morceaux, mais du coup il n’y en avait plus pour en créer de nouveaux. Franchement j’ai trouvé ça super, c’est vrai qu’en fait ils ont fait deux nouvelles chansons qui n’étaient pas si bien que ça, moins bien que les anciennes plutôt ! Mais je les ai vus à Londres, c’était incroyable.
M : En fait, j’ai vraiment apprécié ce qu’ils ont fait : venir, faire quelque shows et s’arrêter. Ils ont donné à tous ceux qui le souhaitaient l’opportunité de les voir jouer.
S : En France où ont-ils joué ? Reims ? OK. Ils devraient sortir un DVD de l’ATP Festival je crois.
S : Je trouve ça super.
M : J’était juste reconnaissant de pouvoir les voir, c’est un groupe extraordinaire !
S : Presque tout le monde les a découverts après qu’ils aient arrêté de jouer, donc je pense qu’il y avait une vraie demande pour qu’ils rejouent. Et il y avait un petit créneau, parce que je crois que c’est Brian qui commence une nouvelle carrière, mais il n’y avait pas non plus trop de temps. Ils ont pris beaucoup de temps à rejouer les anciens morceaux, mais du coup il n’y en avait plus pour en créer de nouveaux. Franchement j’ai trouvé ça super, c’est vrai qu’en fait ils ont fait deux nouvelles chansons qui n’étaient pas si bien que ça, moins bien que les anciennes plutôt ! Mais je les ai vus à Londres, c’était incroyable.
M : En fait, j’ai vraiment apprécié ce qu’ils ont fait : venir, faire quelque shows et s’arrêter. Ils ont donné à tous ceux qui le souhaitaient l’opportunité de les voir jouer.
S : En France où ont-ils joué ? Reims ? OK. Ils devraient sortir un DVD de l’ATP Festival je crois.
Si on vous dit Mono ou Explosion In The Sky, qu'est-ce que vous répondez ? Quel votre ressenti pour ces groupes que l'on présente comme les héritiers du post-rock, donc un peu de Mogwai ?
S : Je crois que ces groupes ont été influencés par Mogwai, et je trouve ça carrément chouette. J’ai rencontré des membres de ces groupes, et ce sont des gens très sympas. Oui, c’est vraiment bien, et flatteur.
S : Je crois que ces groupes ont été influencés par Mogwai, et je trouve ça carrément chouette. J’ai rencontré des membres de ces groupes, et ce sont des gens très sympas. Oui, c’est vraiment bien, et flatteur.
Mais Mono, c'est une copie de Mogwai, non, ce n'est pas ce que vous pensez ?!
M : Le truc, c’est que ce n’est pas un mauvais groupe, mais on a passé tellement de temps à créer une musique similaire, qu’on ne va pas se mettre à écouter une musique qui est la même. Ce n’est pas un truc que je mettrai sur ma platine, parce que c’est déjà quelque chose que j’écoute toute la journée.
Et qu'est-ce que ça vous a fait la première fois que vous avez écouté Mono ou Explosion In The Sky ?
S : Honnêtement je ne sais plus ... Mais on est très contents qu’il y ait des gens qui aiment notre musique et s’en inspirent.
S : Honnêtement je ne sais plus ... Mais on est très contents qu’il y ait des gens qui aiment notre musique et s’en inspirent.
Barry et Stuart ont participé au dernier album de Malcom Middleton, et Barry a également travaillé avec Arab Strap quelques mois plus tard. Quels sont vos liens avec tous ces gens ?
S : On est amis avec eux bien sûr, on était sur le même label qu’Arab Strap et ce sont de très bons amis ! Ce sont des gens que l’on respecte énormément, et on les aime aussi en tant que personnes, donc on a une excellente relation avec eux.
M : Oui, on avait eu Malcolm avec nous en tournée il y a quelques années, et ... enfin, il est génial quoi, il est vraiment génial !
S : On est amis avec eux bien sûr, on était sur le même label qu’Arab Strap et ce sont de très bons amis ! Ce sont des gens que l’on respecte énormément, et on les aime aussi en tant que personnes, donc on a une excellente relation avec eux.
M : Oui, on avait eu Malcolm avec nous en tournée il y a quelques années, et ... enfin, il est génial quoi, il est vraiment génial !
Et on pourrait se prendre à imaginer une tournée de Mogwai avec Arab Strap, ou même avec Malcom Middleton ?
M : On a déjà tourné avec eux, peut-être le referons-nous à l’avenir, on ne sait jamais. Mais c’est un groupe qui tourne quand ils sortent un album, et ils veulent être têtes d’affiche et pas franchement jouer les premières parties ...
S : Oui, c’est pas l’idéal de faire les premières parties, vu que ce n’est pas très bien payé.
M : Ca ne serait pas très rationnel de leur part, même si nous on aimerait bien !
S : Je leur ai demandé s’ils ne voulaient pas jouer avec nous en janvier, ils ont dit qu’il n’y avait pas assez d’argent ! (rires)
Alors est-ce qu'on aura la chance de voir Mogwai sur les scènes françaises en 2006 ?
Stuart : Oui en avril.
Merci à Stuart et à Martin pour leur disponibilité et leur agréable accueil.
Un énorme merci à Arnault pour l'organisation de cette interview, à François pour son aide précieuse, et surtout à JB pour son formidable coup de main !
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