Neil Young
Americana |
Label :
Reprise |
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Après Le Noise, album sombre et étrange, qui présentait le Loner seul à la guitare électrique, on ne pouvait s'attendre à une nouvelle chevauchée avec le Crazy Horse. Et pourtant. Seize ans après Broken Arrow, Neil réunit à nouveau les éternels Billy Talbot (basse), Ralph Molina (batterie) et Frank "Poncho" Sampedro (guitare). Le fruit de ces joyeuses retrouvailles est, pour la première fois dans la pléthorique discographie du Canadien, un album de reprises. Quand on apprend que ce sont de vieux classiques de la vieille Amérique on peut s'inquiéter. Surtout que l'on sait Neil Young capable de tout. Et à la première écoute d'un "Oh Susannah" plein de vie, où les guitares rugissent sous un mélange de voix hypnotisant on est bluffé. Terriblement bluffé. Comment une vieille old tune comme celle-ci peut sonner si jeune ? Et quelle surprise, ce mélange saisissant de chœurs composés à la fois de voies masculines (principalement le Crazy Horse), de femmes et d'enfants qui alternent et donnent un rendu complètement opposé au gigantesque rassemblement de choristes - un peu trop étouffant - sur Living With War.
Dépoussiérant avec force et justesse l'héritage d'un monde oublié, Neil continue au grand galop sur "Clementine" et le très bon "Tom Dula" qui s'étire sur 8min, puis propose comme Led Zeppelin l'avait fait sa version de "Gallows Pole". Même unité et même rythme entraînant sur les quatre premiers titres, avec un "Tom Dula" qui réussit mieux sur la longueur que "Clementine". On y retrouve les longues chevauchées interminables mais ô combien prenantes du Crazy Horse, avec en plus ce coeur martelé, cette puissance nouvelle qui s'ajoute à la voix inusable du Loner.
Vient alors "Get a Job". Une blague ? C'est la première impression que donne cet ovni qui pourrait se trouver sur Everybody's Rockin'. Oui mais le contraste entre l'arrangement qui donne à sourire -on ne va pas se mentir- et les paroles terriblement d'actualités ("tell me that I'm lyin' about a job / That I never could find") permet à la chanson d'atteindre son but. Car la raison qui a poussé le vieux rocker à réaliser Americana c'est d'interpeller la société américaine durant cette année électorale, les paroles de ces vieux classiques gardant toute leur pertinence face aux problèmes, économiques comme socio-culturels. Selon un communiqué de presse, "Les paroles reflètent les mêmes préoccupations et ont encore remarquablement plus de sens pour une société qui traverse des bouleversements économiques et culturels, spécialement pendant une année électorale"...
"High Flyin'bird" - à titre personnel, une des meilleures de l'album - et cette guitare enragée, qui évite à chaque fois l'ennui en plaçant des accords là où on ne les attends pas, puis "Jesus'Chariot" sont dans la lignée des quatre premiers titres. "Travel On" et "This Land Is Your Land" quant à eux reste musicalement plats, bien que le choix de faire figurer ces titres sur Americana pour leur texte soit judicieux.
"Wayfarin' Strangers", comme "Light A Candle" sur Fork in the Road est le moment intimiste en acoustique de Americana. Neil murmure "I'm traveling through this world of woe" et c'est comme une éclaircie dans le tonnerre de guitares de l'album. La mélodie qui s'envole durant ces trois courtes minutes - et qui semblent ne durer que le temps d'un soupir - laisse une triste brume planer sur son passage. Une petite perle.
L'album se clôt avec fracas sur un "God Save The Queen" qui n'est ni vraiment celui des Sex Pistols, ni l'hymne classique que l'on connait et qui n'était pas vraiment indispensable... Mais il n'entache pas l'impression générale : celle d'un album maîtrisé, où Neil a su tirer le meilleur du Crazy Horse et - pour une fois - des chœurs. Le pari était risqué, on y croyait plus ou moins, mais le résultat final est réussi. Cet album, c'est l'histoire d'une société confronté aux remous de l'Histoire, du pionnier américain luttant face à la vie. Plus conceptuel qu'un Harvest ou qu'un Ragged Glory, les titres forment un tout et Americana ne peut vraiment se comprendre, sans doute, qu'après plusieurs écoutes. Une nouvelle pierre, belle et inhabituelle, qui s'ajoute à l'édifice musical que construit encore et toujours le plus américain des Canadiens.
Dépoussiérant avec force et justesse l'héritage d'un monde oublié, Neil continue au grand galop sur "Clementine" et le très bon "Tom Dula" qui s'étire sur 8min, puis propose comme Led Zeppelin l'avait fait sa version de "Gallows Pole". Même unité et même rythme entraînant sur les quatre premiers titres, avec un "Tom Dula" qui réussit mieux sur la longueur que "Clementine". On y retrouve les longues chevauchées interminables mais ô combien prenantes du Crazy Horse, avec en plus ce coeur martelé, cette puissance nouvelle qui s'ajoute à la voix inusable du Loner.
Vient alors "Get a Job". Une blague ? C'est la première impression que donne cet ovni qui pourrait se trouver sur Everybody's Rockin'. Oui mais le contraste entre l'arrangement qui donne à sourire -on ne va pas se mentir- et les paroles terriblement d'actualités ("tell me that I'm lyin' about a job / That I never could find") permet à la chanson d'atteindre son but. Car la raison qui a poussé le vieux rocker à réaliser Americana c'est d'interpeller la société américaine durant cette année électorale, les paroles de ces vieux classiques gardant toute leur pertinence face aux problèmes, économiques comme socio-culturels. Selon un communiqué de presse, "Les paroles reflètent les mêmes préoccupations et ont encore remarquablement plus de sens pour une société qui traverse des bouleversements économiques et culturels, spécialement pendant une année électorale"...
"High Flyin'bird" - à titre personnel, une des meilleures de l'album - et cette guitare enragée, qui évite à chaque fois l'ennui en plaçant des accords là où on ne les attends pas, puis "Jesus'Chariot" sont dans la lignée des quatre premiers titres. "Travel On" et "This Land Is Your Land" quant à eux reste musicalement plats, bien que le choix de faire figurer ces titres sur Americana pour leur texte soit judicieux.
"Wayfarin' Strangers", comme "Light A Candle" sur Fork in the Road est le moment intimiste en acoustique de Americana. Neil murmure "I'm traveling through this world of woe" et c'est comme une éclaircie dans le tonnerre de guitares de l'album. La mélodie qui s'envole durant ces trois courtes minutes - et qui semblent ne durer que le temps d'un soupir - laisse une triste brume planer sur son passage. Une petite perle.
L'album se clôt avec fracas sur un "God Save The Queen" qui n'est ni vraiment celui des Sex Pistols, ni l'hymne classique que l'on connait et qui n'était pas vraiment indispensable... Mais il n'entache pas l'impression générale : celle d'un album maîtrisé, où Neil a su tirer le meilleur du Crazy Horse et - pour une fois - des chœurs. Le pari était risqué, on y croyait plus ou moins, mais le résultat final est réussi. Cet album, c'est l'histoire d'une société confronté aux remous de l'Histoire, du pionnier américain luttant face à la vie. Plus conceptuel qu'un Harvest ou qu'un Ragged Glory, les titres forment un tout et Americana ne peut vraiment se comprendre, sans doute, qu'après plusieurs écoutes. Une nouvelle pierre, belle et inhabituelle, qui s'ajoute à l'édifice musical que construit encore et toujours le plus américain des Canadiens.
Très bon 16/20 | par Annoy |
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