Neil Young
Noise & Flowers |
Label :
Reprise |
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Le parcours de Neil Young avec Promise Of The Real est à la fois curieux et triste. Ils fonctionnent à merveille sur scène, de nombreux bootlegs en attestent, et pourtant, ils n'ont sorti que des albums qui sont au mieux médiocres.
The Monsanto Years et The Visitor sont mauvais, la bande originale du film Paradox toucherait le fond s'il n'y avait pas une bonne interprétation de "Peace Trail", et le live Earth est gâché par les ajouts grotesques de bruits divers, animaux, voitures, je ne sais quoi d'autre.
Alors ? Noise & Flowers serait-il enfin le bon album enregistré avec ce jeune backing band ?
Ce live d'1h15 et quatorze titres alterne les morceaux plus ou moins acoustiques, et d'autres électriques, toujours en groupe. C'est un survol assez complet des trente premières années musicales de Neil Young, tout y passe ou presque : le Buffalo Springfield et Crosby-Stills-Nash, le succès avec Harvest et Harvest Moon, le Crazy Horse bien sûr, le retour enragé des années 90 avec Pearl Jam, etc. Les bonds dans les années sont parfois vertigineux, 20 ans, 30 ans parfois séparent les morceaux les uns des autres, et révèlent une homogénéité musicale inattendue.
Autant commencer par le début avec "Mr Soul", librement inspiré par le riff de Keith Richards sur "Satisfaction". Il se dégage une énergie époustouflante qui rappelle ce qu'on entend sur les quelques concerts du Buffalo Springfield disponibles. On rentre de plain pied dans ce nouvel album live avec ce doyen paru en 1967. On est face à un vrai groupe de six musiciens soudés, ce qui se voyait déjà sur Earth. Le plongeon dans le temps continue, d'abord avec "Everybody Knows This Is Nowhere", puis avec un très beau "Helpless", assez lent, tout en douceur. On retrouvera ce calme un peu plus tard dans l'album avec un magnifique "Comes A Time", bien mieux que sur l'album du même nom.
Franchement dispensable, "Fields Of Opportunity" était déjà déplaisante en 1978. Il y avait le choix parmi les morceaux joués sur cette petite tournée, c'est un peu dommage d'avoir choisit celui-ci. On l'oublie vite car la suite est bien mieux.
L'électricité est rebranchée pour trois titres, et pas n'importe lesquels.
"Alabama", rien de moins. Deux guitares saignantes, avec en plus d'une rythmique en béton un piano qui vire boogie. Cinquante ans, pas une ride. Les gars de Promise Of The Real ont cette capacité à se glisser avec beaucoup d'aisance dans la peau des différents groupes avec lesquels Neil Young a enregistré, ça leur permet de tout jouer et de faire bouger ses setlists habituellement figées. Des Stray Gators de 1972 on saute vers Pearl Jam avec "Throw Your Hatred Down". Ce morceau est trop rarement joué alors qu'il est taillé pour la scène. Comme sur Mirrorball, il est joué à trois guitares rugissantes. Au bout de cinq minutes, le morceau semble s'arrêter mais se prolonge avec une séquence plus ou moins bruitiste, orageuse où Neil Young continue de chanter. Ce n'est pas trop long donc ça passe sans irriter, puis ça repart pour un final aussi court qu'énervé.
Les frères Nelson viennent du counrty-rock, "Rockin'in The Free World" est donc bien moins "hard rock" qu'avec Crazy Horse, par contre ils ont pour eux une fougue que le Crazy Horse n'a plus vraiment. C'est une nouvelle occasion d'entendre un groupe incroyablement resserré dans la longue séquence finale plus ou moins improvisée. Ils font mine de s'arrêter pour mieux recommencer, chacun y va de son petit solo, quand enfin le morceau se termine c'est dans un véritable déluge sonore qui pourrait illustrer des scènes de bombardements et qui rappelle les versions jouées avec Pearl Jam en 1995.
De la même façon qu'on passe d'une décade à l'autre, on change facilement d'ambiance. Après le bruit, les fleurs.
"Comes A Time" suivi de "From Hank To Hendrix" sont là pour calmer tout ce petit monde. Après ce moment bien agréable, "On The Beach" est incandescente, plus puissante que sur le live CSNY 74. Elle avance comme un long blues funèbre, le piano électrique et les guitares ont l'air de saigner et de se traîner avec difficultés derrière la rythmique déglinguée. C'est le meilleur moment de ce live. Suit le mal-aimé un peu niais "Are You Ready For The Country", mais plutôt bienvenu ici après la tension du précédent.
Un retour aux classiques électriques pour terminer. Tout d'abord "I've Been Waiting For You" puis "Winterlong". Elles font toutes deux parties des plus anciennes chansons de Neil Young, on ne peut que constater que le temps n'a aucune prise sur elles.
Je n'ai jamais apprécié "Fuckin'up". Jusqu'à ce disque, Promise Of The Real monte à l'assaut du morceau comme jamais personne ne l'a fait avant eux, ni le Crazy Horse qui l'a créé, ni Pearl Jam qui se l'est approprié. La musique est brutale, d'une densité inédite, la rythmique est déchaînée, quant aux trois guitares elles sont au-delà de la furie, si le Noise du titre est quelque part sur ce disque c'est bien ici.
Noise & Flowers est terminé, et c'est bien dommage, ce nouvel album live n'a finalement qu'un seul défaut, il est trop court.
Ses derniers albums enregistrés en studio sont assez peu convaincants malgré quelques bons titres, cependant, Noise & Flowers enregistré durant la tournée européenne de 2019 vient rappeler que sur scène, malgré ses 75 ans, il faut encore compter avec lui.
The Monsanto Years et The Visitor sont mauvais, la bande originale du film Paradox toucherait le fond s'il n'y avait pas une bonne interprétation de "Peace Trail", et le live Earth est gâché par les ajouts grotesques de bruits divers, animaux, voitures, je ne sais quoi d'autre.
Alors ? Noise & Flowers serait-il enfin le bon album enregistré avec ce jeune backing band ?
Ce live d'1h15 et quatorze titres alterne les morceaux plus ou moins acoustiques, et d'autres électriques, toujours en groupe. C'est un survol assez complet des trente premières années musicales de Neil Young, tout y passe ou presque : le Buffalo Springfield et Crosby-Stills-Nash, le succès avec Harvest et Harvest Moon, le Crazy Horse bien sûr, le retour enragé des années 90 avec Pearl Jam, etc. Les bonds dans les années sont parfois vertigineux, 20 ans, 30 ans parfois séparent les morceaux les uns des autres, et révèlent une homogénéité musicale inattendue.
Autant commencer par le début avec "Mr Soul", librement inspiré par le riff de Keith Richards sur "Satisfaction". Il se dégage une énergie époustouflante qui rappelle ce qu'on entend sur les quelques concerts du Buffalo Springfield disponibles. On rentre de plain pied dans ce nouvel album live avec ce doyen paru en 1967. On est face à un vrai groupe de six musiciens soudés, ce qui se voyait déjà sur Earth. Le plongeon dans le temps continue, d'abord avec "Everybody Knows This Is Nowhere", puis avec un très beau "Helpless", assez lent, tout en douceur. On retrouvera ce calme un peu plus tard dans l'album avec un magnifique "Comes A Time", bien mieux que sur l'album du même nom.
Franchement dispensable, "Fields Of Opportunity" était déjà déplaisante en 1978. Il y avait le choix parmi les morceaux joués sur cette petite tournée, c'est un peu dommage d'avoir choisit celui-ci. On l'oublie vite car la suite est bien mieux.
L'électricité est rebranchée pour trois titres, et pas n'importe lesquels.
"Alabama", rien de moins. Deux guitares saignantes, avec en plus d'une rythmique en béton un piano qui vire boogie. Cinquante ans, pas une ride. Les gars de Promise Of The Real ont cette capacité à se glisser avec beaucoup d'aisance dans la peau des différents groupes avec lesquels Neil Young a enregistré, ça leur permet de tout jouer et de faire bouger ses setlists habituellement figées. Des Stray Gators de 1972 on saute vers Pearl Jam avec "Throw Your Hatred Down". Ce morceau est trop rarement joué alors qu'il est taillé pour la scène. Comme sur Mirrorball, il est joué à trois guitares rugissantes. Au bout de cinq minutes, le morceau semble s'arrêter mais se prolonge avec une séquence plus ou moins bruitiste, orageuse où Neil Young continue de chanter. Ce n'est pas trop long donc ça passe sans irriter, puis ça repart pour un final aussi court qu'énervé.
Les frères Nelson viennent du counrty-rock, "Rockin'in The Free World" est donc bien moins "hard rock" qu'avec Crazy Horse, par contre ils ont pour eux une fougue que le Crazy Horse n'a plus vraiment. C'est une nouvelle occasion d'entendre un groupe incroyablement resserré dans la longue séquence finale plus ou moins improvisée. Ils font mine de s'arrêter pour mieux recommencer, chacun y va de son petit solo, quand enfin le morceau se termine c'est dans un véritable déluge sonore qui pourrait illustrer des scènes de bombardements et qui rappelle les versions jouées avec Pearl Jam en 1995.
De la même façon qu'on passe d'une décade à l'autre, on change facilement d'ambiance. Après le bruit, les fleurs.
"Comes A Time" suivi de "From Hank To Hendrix" sont là pour calmer tout ce petit monde. Après ce moment bien agréable, "On The Beach" est incandescente, plus puissante que sur le live CSNY 74. Elle avance comme un long blues funèbre, le piano électrique et les guitares ont l'air de saigner et de se traîner avec difficultés derrière la rythmique déglinguée. C'est le meilleur moment de ce live. Suit le mal-aimé un peu niais "Are You Ready For The Country", mais plutôt bienvenu ici après la tension du précédent.
Un retour aux classiques électriques pour terminer. Tout d'abord "I've Been Waiting For You" puis "Winterlong". Elles font toutes deux parties des plus anciennes chansons de Neil Young, on ne peut que constater que le temps n'a aucune prise sur elles.
Je n'ai jamais apprécié "Fuckin'up". Jusqu'à ce disque, Promise Of The Real monte à l'assaut du morceau comme jamais personne ne l'a fait avant eux, ni le Crazy Horse qui l'a créé, ni Pearl Jam qui se l'est approprié. La musique est brutale, d'une densité inédite, la rythmique est déchaînée, quant aux trois guitares elles sont au-delà de la furie, si le Noise du titre est quelque part sur ce disque c'est bien ici.
Noise & Flowers est terminé, et c'est bien dommage, ce nouvel album live n'a finalement qu'un seul défaut, il est trop court.
Ses derniers albums enregistrés en studio sont assez peu convaincants malgré quelques bons titres, cependant, Noise & Flowers enregistré durant la tournée européenne de 2019 vient rappeler que sur scène, malgré ses 75 ans, il faut encore compter avec lui.
Excellent ! 18/20 | par NicoTag |
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